Les architectes ne manquent pas autour de moi :

Bien sur, celui de ma construction Quentin Goulard a déjà été  présenté ici.

Mais ils sont déjà nombreux avant cela.

Depuis longtemps Pierre, le premier de liste a ouvert la voie.

Quelques années plus tard, Julien a pris le relai et bien tenu son rang encore heureux !

Depuis, Julie, la nièce de mon beau frère, s’est lancée dans la carrière.

Dernière - pour l’instant – de la liste, Pauline termine ses études à La Cambre.

C’est d’elle que je reçois cette appréciation :

_L’auto-construction fait parfois sourire en coin à l’école, parce qu’outre les valeurs souvent sociales et écologiques qu’elle porte, elle reste souvent grossière. (J’espère d’ailleurs ne pas me révéler grossière en t’avouant cela).

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L’autoconstruction, porteuse de valeurs sociales et écologiques : Généralisation probablement excessive, tous les constructeurs autonomes n’ont pas pour objectif un idéal social, un bon nombre malgré tout poursuit indiscutablement un idéal « ecolo ». même si cela ne se traduit pas pour tous dans les mêmes termes.

 

Construire soi même sa maison peut avoir beaucoup de motivations diverses, la premières et la plus fréquente étant économique.

N’oublions pas que le cout d’une construction peut se décomposer en 40 % de matériaux, 40 % de main d’oeuvre et 20 % de gestion de projet (chantier, achats, organisatuion…). L’autoconstructeur devra acheter ses matériaux,  parfois plus cher qu’un professionnel du bâtiment, du a une économie d’échelle. La main d’œuvre sera fournie principalement par l’autoconstructeur lui-même, et il rentabilisera sans doute le temps passé, quoique pas au taux horaire d’un salarié, mais cela a ses limites, certaines réalisation ne sont pas à la portée d’une personne seule et il faudra faire appel à des entreprises pour certaines parties de la réalisation.

Pour l’autoconstructeur, le gain principal se situera dans la gestion du projet. Ce gain pourra être important en terme financier si le constructeur gère son budget en contrôlant attentivement les couts,  mais il sera encore plus important en ce qui concerne la réalisation des travaux qui pourra être suivie pas à pas et peut être différer de ce qu’un professionnel aurait réalisé. Car les buts sont différents. Le professionnel doit rendre un travail fini ayant un certain aspect, correspondant à certains critères, il doit avant tout « sauver les apparences ». Pour le constructeur autonome, le but est tout autre : travaillant pour lui-même, il acceptera souvent une réalisation dont l’aspect pourrait différer des normes de finition de la profession, pour autant que le détail corresponde à ses exigences.

 

L’économie dont il est question ne se résume pas en une somme moindre à débourser, elle vise surtout à l’obtention d’un produit dont la valeur est déterminée par la correspondance aux exigences de départ. C’est là que se rejoignent autoconstruction et écologie. Respect de l’empreinte écologique minimale, ou obtention d’un produit « naturel », construire soi-même permet de s’éloigner des standards dans ce qu’ils ont de critiquables sur ces deux points, et de produire individuellement ce qu’on estime un optimum.

 

Une autre motivation de l’autoconstruction sera le « parcours initiatique ». L’autoconstructeur se lance dans une aventure dont il ne mesure en général pas l’ampleur, même s’il s’y est préparé, comme le pèlerin qui part pour Compostelle même s’il a préparé son voyage, est loin d’imaginer la réalité des difficultés, et des sacrifices exigés par le chemin.

Le défi « et moi aussi je pourrai le faire » devient un chalenge permanent, une source de motivation  qui aura raison des déconvenues, des déceptions, des douleurs, des souffrances, et qui permettra a celui qui construit d’habiter son rêve, même si ce rêve ne ressemble finalement pas à l’image qu’il avait projetée dans son esprit avant de se lancer.

 

L’autoconstruction m’apprend dans tous les domaines

Elle me demande d’être inventif, de parvenir à résoudre des problèmes insolubles, d’inventer des techniques originales, soit parce que les techniques traditionnelles ne sont pas à la masure de mes forces, soit parce que je ne possède pas la base des habitudes techniques et qu’il me faut impérativement parvenir à réaliser un travail précis, parfois dans l’urgence et sous la pression des échéances que je me suis moi-même imposées. Et c’est là qu’une construction autonome peut sembler grossière, en ce sens que la réalisation ne suit pas forcément les us et coutumes des professionnels du batiment.

 

Elle exige de ma part une attention de tous les instants, puisque personne ne passera derrière moi pour corriger mes erreurs qui resteront bien souvent enfouies sous la couche d’apprêt, sauf si elles conduisent à une dégradation de l’ouvrage terminé.

Elle me conduit à me dépasser quand il faut exercer des compétences que je ne pense pas avoir : diriger une équipe, choisir et commander des matériaux, discuter technique, etc.

Elle m’apprend enfin et surtout à me sentir a l’aise dans la vraie vie, pas le rêve fantasmé de la « villa mon rêve » qui a hanté mes désirs profonds de longs mois – années – avant que ne s’ouvre le chantier,  mais bien la maison que j’ai fini par réaliser, avec ses défauts et ses qualités, qui peuvent d’ailleurs être reconnues : Dans ton cas, ça m’a tout l’air d’être splendide! me dit Pauline. Juste de quoi faire péter le dernier bouton de col qui me reste !